4.

Une respiration bienvenue

Matt ouvrit les yeux sans savoir s’il était tôt ou tard dans la matinée. En l’absence de montre qui fonctionnait et de fenêtre, il était incapable de connaître l’heure.

Il sortit de la salle n˚ 5 qu’il avait occupée avec Tobias  – qui dormait encore  – et rejoignit le hall du cinéma. Il croisa deux Pans qui grignotaient des biscuits en riant.

Matt se fit ouvrir la porte principale et regagna le rez-de-chaussée avant de sortir.

Le soleil était levé depuis au moins deux heures. Il devait être plus de huit heures.

Matt sonda la clairière de fougères dans l’espoir d’y apercevoir Plume mais ne vit rien.

Il s’interrogea sur leur position exacte. L’île Carmichael se trouvait à l’ouest de Philadelphie. Treize jours de marche plus au sud, jusqu’où étaient-ils allés ? Richmond ? Washington était déjà dans leur dos, ils l’avaient dépassé, ils n’avaient pas dû passer bien loin et pour autant ne s’en étaient pas rendu compte. Et l’océan Atlantique ? À combien de kilomètres était-il ? À peine une centaine, probablement. Matt se demanda ce qu’il pouvait être devenu. Y avait-il toujours des poissons ? L’océan avait-il changé de couleur ?

Il fut arraché à ses pensées par un coup de tonnerre lointain qui lui hérissa les cheveux. Il était sorti avec son seul couteau de chasse, sans son épée. C’était imprudent et il s’en voulut aussitôt.

De gros nuages noirs surgirent au loin, vers l’est. Un simple orage ou bien…

Dis-le, allez ! Pourtant Matt ne put formuler le nom de cette créature qui le traquait.

Je n’en ai pas rêvé cette nuit, c’est déjà un bon point !

Il demeura assis à l’entrée du centre commercial à guetter les cieux menaçants, jusqu’à ce qu’il soit convaincu que l’orage prenait la direction du nord et qu’il les éviterait. En se relevant, il sentit les muscles de son corps ankylosés. Le pire était au niveau des pieds. Les ampoules s’étaient estompées, remplacées par plusieurs crevasses rouges, et la plante était sensible. Jamais il n’avait pensé que marcher intensément pendant deux semaines pouvait être si violent pour l’organisme.

Quelques jours de repos parmi la Féroce Team seraient les bienvenus.

Impossible ! Je ne prendrai pas ce risque. Il ne faut pas s’attarder, pas tant qu’il est sur nos traces.

Et puis il n’aimait pas les regards que tous lançaient à Ambre. Il sentait que ça pourrait vite déraper. Comment allait-elle ce matin ? Elle avait dormi seule dans une des grandes salles de projection. Matt considéra la clairière et se résigna à rentrer.

De retour au sous-sol, il fit chauffer de l’eau et prospecta parmi les racks de vivres pour constituer le panier du petit déjeuner qu’il apporta à la dernière salle. Il frappa puis entra.

Ambre était assise sur son duvet, une lampe à huile allumée à ses côtés, elle se concentrait sur un crayon à papier qu’elle faisait glisser trois mètres plus loin.

— Bonjour, fit Matt. Je t’apporte le petit déjeuner.

Le visage d’Ambre, concentré et sévère, se détendit et s’illumina en voyant son compagnon entrer dans la lumière.

— Merci, Matt, c’est très gentil de ta part. Je faisais des exercices.

— Ça marche ?

— Oui. Le poids des objets est décidément un élément majeur dans l’utilisation de mon altération. Je n’arrive pas encore à déplacer ce qui est lourd, en tout cas pas sans une concentration totale et pour un très court instant seulement.

Matt lui tendit une pomme et une tasse de thé fumante.

— Ils n’ont que ça comme fruit, j’espère que ça t’ira.

— C’est parfait. (Ambre changea de ton.) Matt, je voulais te dire, pour hier soir, je suis désolée, je…

Le jeune garçon leva la main en signe de paix.

— Ne t’en fais pas, c’est oublié, mentit-il.

Curieusement, il se sentait incapable d’exprimer cette tristesse qu’il avait ressentie la veille au soir. Il préférait l’enfouir dans un coin de son cœur et ne plus l’aborder, encore moins avec la principale intéressée.

— Je ne voudrais pas que tu croies…

— Je ne crois rien, la coupa-t-il, tu es mon amie, c’est tout ce qui compte. L’Alliance des Trois, tu te rappelles ?

Elle acquiesça en souriant.

La porte s’ouvrit sur Tobias qui s’exclama en dévalant les marches :

— Ah ! Vous êtes là ! Je vous cherchais ! Oh bah, vous ne vous refusez rien ! Et vous ne venez même pas me chercher pour votre festin ?

— J’allais venir, annonça Matt qui s’éloigna d’Ambre pour ne pas paraître trop intime.

— Je ne sais pas vous, mais moi je suis complètement vanné, enchaîna Tobias en piochant des gâteaux dans le panier. Peut-être qu’on pourrait se reposer ici un jour ou deux, juste le temps de récupérer, pour tenir la distance.

Ambre toisa Matt.

— Non, fit ce dernier, j’ai vu un orage au loin ce matin, je ne veux pas risquer d’être repris par le… Par Lui.

— Ça se trouve il a définitivement perdu notre piste ! s’emballa Tobias. Le monde est vaste, il peut errer pendant un moment ! Tiens, est-ce que tu as rêvé de lui dernièrement ?

— Pas cette nuit.

— Alors il ne se rapproche pas.

— Pourquoi tu dis ça ? s’étonna Matt.

Tobias, jamais avare en commentaires singuliers, exposa :

— J’ai l’impression que le Raupéroden retrouve notre trace quand il fouille ton esprit pendant ton sommeil. Si tu ne rêves pas de lui, c’est qu’il ne parvient pas à sonder ton âme, et tant qu’il n’y arrive pas, il ne peut pas nous retrouver.

Ambre éclata de rire.

— Toby, je ne sais toujours pas si tu es doué d’une imagination prodigieuse ou du don de clairvoyance !

Mais Matt ne riait pas, il trouvait l’idée pertinente.

— Moi, dit Tobias, je vote pour deux jours de repos. Et toi, Ambre ?

Celle-ci reporta son attention sur Matt.

— J’ai décidé de vous suivre dans votre quête, alors je m’en remets à vos décisions, en tout cas pour ce qui est de notre rythme.

Matt pesait le pour et le contre. Il avait du mal à se décider.

— Mais j’avoue que je ne serais pas contre une pause, ajouta Ambre.

— Une fois dans la Forêt Aveugle, il est possible qu’on ne puisse plus s’arrêter, intervint Matt. Il faut donc qu’on y pénètre en pleine forme. Va pour une journée supplémentaire avec ces Pans. Mais pour plus de sûreté, je préférerais que nous ne nous séparions pas. Je n’ai pas un très bon feeling avec Terrell.

Tobias leva le poing en signe de victoire.

 

Matt passa une large partie de la matinée à guetter Plume au-dehors. Il fit passer le mot, un chien grand comme un poney était leur compagnon de route. À ces mots, plusieurs membres de la Féroce Team se regardèrent, amusés. Ils avaient déjà aperçu un très grand chien, un mois plus tôt, qui furetait dans le centre-ville. Ça ne pouvait pas être Plume, aussi Matt les questionna-t-il longuement sur sa taille, sa description et son comportement. Aussi impressionnant que sa propre chienne, apparemment pas agressif. Ils en avaient perdu la trace après quelques jours.

Plume n’était pas la seule de son espèce.

Certains chiens errants s’étaient regroupés en meute depuis la Tempête, ceux-là tout le monde savait qu’il fallait les éviter à tout prix, mais l’existence d’un autre canidé surdimensionné intrigua Matt.

Le ciel était parfaitement dégagé, bleu saphir, et la chaleur s’intensifia au fil des heures. À midi, le soleil cognait si fort que Matt se félicita d’avoir différé leur départ d’une journée.

Après le déjeuner, Terrell vint voir l’Alliance des Trois pour leur proposer une aventure un peu particulière :

— Il fait chaud dehors, c’est l’occasion d’aller prendre un bain et de vous détendre. Prenez vos armes et venez.

Vingt membres de la Féroce Team formèrent un convoi vers l’étage du centre commercial pour emmener le trio choisir un maillot de bain. Puis ils quittèrent les lieux et s’enfoncèrent dans la forêt.

Terrell les conduisit jusqu’à une petite rivière bordée de plantes aux feuilles immenses, assez grandes pour faire des couvertures, et ils gagnèrent un minuscule étang encadré par un mur de roseaux.

Une cascade de quinze mètres se déversait du haut d’une falaise creusée de trous et bordée par une épaisse mousse verte.

— C’est notre salle de bains estivale ! s’écria-t-il par-dessus le vacarme.

Tout le monde se déshabilla et sauta dans l’eau fraîche en criant.

Matt remarqua aussitôt que les filles allaient d’un côté, les garçons de l’autre. Ambre observa la séparation en soupirant.

Matt lui posa la main sur l’épaule :

— De toute façon on sera dans la même eau au final, non ?

Ambre hocha la tête sans conviction et rejoignit le groupe de filles. Ces dernières l’étudiaient avec appréhension. Le désir d’approcher cette « grande » était palpable, mais la peur qu’elle puisse être du côté des Cyniks les en empêchait.

Matt et Tobias nagèrent en riant, jouant avec la boue de la rive, puis à se couler. Un concours de plongeon fut organisé et un Pan répondant au nom de Diego le remporta à l’unanimité. Il finit par confier à Tobias qu’il était dans une équipe de natation avant. Évoquer leur ancienne vie mit un coup au moral de l’adolescent qui grimpa se sécher au soleil. Les Pans parlaient peu de leur existence d’avant la Tempête, et Tobias savait pourquoi. Cela les rendait nostalgiques.

Matt, voyant Ambre s’ennuyer dans son coin, décida qu’il en avait plus que marre d’obéir à des règles idiotes et il nagea vers le groupe de filles. Toutes se dépêchèrent de s’éloigner, sauf Ambre qui l’accompagna dans sa brasse.

Profitant qu’ils étaient à bonne distance de toute oreille indiscrète, Ambre confia à Matt :

— La petite Liz est venue me parler tout à l’heure, elle m’a inondée de questions à propos de l’altération. À croire que j’ai le don pour qu’on vienne m’en parler !

— Est-elle affectée ?

— Oui, elle est terrorisée dans le noir et figure-toi qu’elle me dit être capable de produire de la lumière sous ses ongles ! Une faible phosphorescence mais c’est déjà un début. C’est Terrell qui leur interdit d’en parler, il leur ordonne d’étouffer tout changement en eux, pour ne pas devenir plus vite un Cynik. Il se trompe ! Il faut le leur dire !

— Nous ne pouvons pas débarquer et semer la pagaille, Ambre. Nous ne sommes là que deux jours, eux vont devoir vivre avec les doutes qu’on laissera derrière nous, c’est dangereux pour leur équilibre, ils ont survécu par miracle jusqu’ici.

— Je sais, mais c’est important qu’ils acceptent ce qu’ils sont devenus avec la Tempête !

— Laisse faire le temps. Lorsqu’un nouveau Long Marcheur parviendra jusqu’à eux, qu’il les informera du développement de l’altération un peu partout, ils finiront par en avoir moins peur et ils changeront.

Ambre regretta cette attitude qu’elle considérait un peu lâche, mais n’insista plus.

Ils sillonnèrent l’étang ensemble pendant un long moment avant de regagner leurs serviettes.

En fin d’après-midi, de retour au centre commercial, Matt passa à nouveau une heure à appeler Plume sans succès.

Le soir, il informa toute la communauté que leur trio repartirait le lendemain. Terrell tenta de les dissuader une fois encore d’aller dans la Forêt Aveugle, toutefois, lorsqu’il comprit que c’était peine perdue, il annonça qu’un groupe les accompagnerait jusqu’à la lisière du premier rempart.

Cette nuit-là, Ambre vint frapper à la porte de la salle n˚ 5 où dormaient Tobias et Matt. Elle ne voulait plus être seule dans une si grande salle, pas ici. Les deux garçons l’accueillirent avec le sourire, surtout Matt.

Ils se réveillèrent au petit matin, mangèrent en silence, vérifièrent qu’ils ne manquaient de rien pour leur voyage, que leurs sacs étaient bien remplis et prirent la direction de la sortie.

Tous les Pans de la Féroce Team s’entassaient dans le hall.

On les salua, leur fit promettre de parler d’eux s’ils croisaient un Long Marcheur ou allaient un jour à Eden, puis Terrell et six autres garçons surgirent. Ils étaient vêtus de leurs équipements de football américain et de hockey, armés d’arbalètes de compétition tout en carbone, couteaux aux ceintures et sacs à dos aux épaules.

Dès qu’ils furent au-dehors, Matt chercha Plume du regard, persuadé qu’elle serait là, prête pour le départ.

Mais il n’y avait aucune trace de la chienne.

Il ne se résignait pas à partir sans elle.

Elle a du flair, elle saura suivre notre piste, nous rattraper.

Cela lui déchirait le cœur de s’en aller sans savoir si elle allait bien. Où qu’elle soit, si elle en est capable, elle nous retrouvera. Je la connais, j’en suis certain.

Terrell attendait pour lancer l’expédition.

Matt fit signe qu’ils étaient prêts.

Il contempla une dernière fois la clairière de fougères et se mit en route.

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